VMware..la fin d'une époque

Mai 2022, le monde de l’IT tremblait…Le « killer » d’entreprise « Broadcom » annonçait vouloir acquérir VMware.

Le mal est définitivement fait le 22 novembre 2023 ou 69 billions de dollars lançaient la fin d’une ère de l’informatique d’entreprise.

VMware By Broadcom

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VMware est une institution dans le milieu. Fondée en 1998, l’entreprise a connu plusieurs propriétaires et a participé grandement à l’explosion de la virtualisation.

Son Hyperviseur ESXi a su au fil des années s’installer dans la majorité des parcs IT. D’autres produits sont venus enrichir le catalogue de l’éditeur, de la solution de stockage VSAN à la solution réseau NSX, VMware c’est fait une excellente réputation sur le marché, même si elle a connu quelques problématiques.

VMware Timeline

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Logiciel de sauvegarde, de supervision, de CICD, payant comme Open Source : tous ont cherché à un moment ou un autre la compatibilité VMware.

L’hyperviseur ESXi de l’entreprise a connu ses heures de gloire et reste toujours aujourd’hui une valeur sure. Il est en charge de l’exécution de nombreux asset de production à travers le monde. Associé à ses fonctions HA pour la mise en place de cluster et sa fonction DRS pour la distribution automatique des charges de travail, ce sont des millions des VMs, Linux ou Windows, qui profitent d’un écosystème riche et fiable.

VMware Portfolio

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Seulement voilà, tout à une fin et lorsque Broadcom a acquis l’entreprise auprès de Dell, on n’a vite compris que les choses allaient changer vu le passif de l’investisseur...

Une nouvelle offre...et des nouveaux tarifs

Alors, attention VMware n’est pas mort, et ses produits restent d’actualité, seulement maintenant il va falloir les mériter…

Son nouveau propriétaire a complètement revu l’offre commerciale. Si VMware n’a jamais été réputé pour ses tarifs bon marché, il restait possible de se composer une infrastructure à la carte pour limiter les fonctions superflues et trouver une formule adaptée à ses besoins.

Désormais c’est salade, tomates, oignons et supplément sauce… Terminées les versions gratuites d’ESXi ou les offres pour les PME. C’est tout le bundle pour se construire un cloud privé associé à un nouveau modèle de pricing qu’il va falloir supporter si on veut continuer à en profiter...Avec des prix pouvant dépasser les x10 du jour au lendemain…

Fin de la version gratuite ESXi

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Fini les licences perpétuelles et adieu à l’achat de 56 produits à la carte.

Nouveaux Bundle

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Nouveaux tarifs

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Nouveaux tarifs

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Nouveaux tarifs

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Broadcom doit se rembourser et pour ça, mise exclusivement sur « ses clients stratégiques » …soit les seuls capables d’absorber de tels changements avec déjà un usage de tous le portefeuille VMware…

Interview DG Broadcom

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VMware....par quoi le remplacer

C’est donc devenu un nouveau challenge de réfléchir à quitter VMware…chose impensable pour certains il y a encore quelques mois, mais qui devient vitale aujourd’hui pour d’autres…

Un petit retour par les basiques

Avant de parler des alternatives, il est important de mettre l’accent sur la notion d’hyperviseur. Même si ce n’est pas le seul produit de VMware, la problématique rencontrée par de nombreuses structures tourne principalement sur l’usage d’ESXi (je ne parlerais pas ici de la partie Horizon, la suite VDI qui elle, va être revendue et qui reste également un vrai problème pour ses utilisateurs)

Un hyperviseur est une solution logiciel capable d’exécuter plusieurs systèmes d’exploitation en parallèle sur une même plateforme physique en assurant une totale étanchéité entre ces OS. Je sais c’est une évidence pour beaucoup, mais c’est toujours bon de rappeler les bases.

On parle souvent de deux types d’hyperviseurs

  • Type 1 : dit natif, soit directement exécuté sur le matériel. C’est devenu la norme depuis que les processeurs sont capables de supporter matériellement les instructions nécessaires pour supporter n’importe quel OS virtualisé sans modification de ce dernier.
  • Type 2 : dis « hosted » dépendant d’un premier système d’exploitation pour s’exécuter, il est par nature moins performant, mais plus polyvalent. Cela concerne surtout des solutions à déployer sur son poste pour tester des applications ou développer.
  • Les types d'hyperviseur

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    Globalement sur le marché, on retrouve souvent les hyperviseurs de type 1 qui servent de bases à de nombreuses solutions tierces.

  • ESXi: le fameux ! Produit VMware, c’est le logiciel phare dont beaucoup réfléchissent désormais à se séparer, malgré une excellente réputation et une fiabilité qui a fait ses preuves.
  • ESXi

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  • Xen: OpenSource et maintenu par l’organisation XenProject. C’est une base qui sert à de nombreux projets, gratuits comme payants, et qui supporte de très grosses charges de travail.
  • XEN

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  • KVM: Intégré aux noyaux Linux, c’est l’hyperviseur libre par excellence et de plus en plus répandu.
  • KVM

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  • Hyper-V : la solution de Microsoft. Arrivé en frontal de ESXi dans les années 2008, il a connu une hype à sa sortie en raison de sa politique tarifaire très avantageuse.
  • Hyper-V

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    Attention, cette liste n’est pas exhaustive, mais ces hyperviseurs sont les plus couramment utilisés sur les plateformes x86 aujourd’hui

    Et les nominés sont...

    Dans la liste des prétendants à VMware, de nombreuses solutions sont en fait une implémentation de l’une ou l’autre des solutions, notamment KVM et XEN quand on parle de logiciel Open Source.

    Bien entendu, VMware utilise ESXi dans ses solutions et Microsoft Hyper-V.

    Voici donc quelques produits concurrents qui ont soudainement pris une nouvelle dose de notoriété…

    PROXMOX VE

    Proxmox

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    Disponible depuis 2008, PROXMOX VE est une solution complètement OpenSource installable par-dessus une distribution existante ou directement déployable à partir d’une solution dérivée d’Ubuntu.

    Basé sur KVM, c’est une solution robuste et fiable, disposant également d’une intégration de LXC pour l’exécution de conteneur et d’une suite de backup.

    Le clustering est supporté et il est relativement facile de déployer une solution HA. Il est également possible de souscrire un support auprès de l’éditeur pour un prix très modeste.

    Par contre, pas d’équivalent à vCenter, mais une connexion possible à n’importe quel nœud du cluster pour administrer l’ensemble de la configuration.

    proxmox GUI

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    Personnellement c’est un outil très intéressant malgré une GUI un peu veillotte et un écosystème quelque peu limité en l’état. Noter que des géants comme Veeam commence à s’intéresser à la solution.

    XCP-ng

    XCP-NG

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    Corrocico, le prétendant est ici français. Open Source et intégré à la Linux Fondation, XCP-Ng est un fork de la solution Citrix XenServer, elle-même basée sur l’hyperviseur Xen.

    Livré sans GUI, il faudra l’associer à Xen Orchestra pour avoir une suite complète. Plus proche de la logique VMware, sa base Xen lui donne de très bonnes performances, mais sa mise en œuvre reste plus complexe que ProxMox.

    Dashboard XCP

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    C'est l'alternative que j'ai choisi de mon coté. Je vous invite d'ailleur à découvrir la solution ici

    Hyper-V

    L’hypersiveur de Microsoft a connu ses heures de gloire grâce à une politique tarifaire très agressives à sa sortie.

    Mature et toujours en activité, MS ne semble pas trop surfer sur le « scandale » Broadcom/VMWARE et préfère encourager ses clients à basculer dans leur cloud.

    Hyper-V GUI

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    Je n’ai que peu utilisé la solution, mais le peu que j’en ai vu ne m’a pas déplu et on peut vite raccrocher les wagons en termes de fonctionnalités par rapport à VMWare.

    Nutanix

    Nutanix

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    À la base Nutanix propose des appliances d’hyperconvergance, mais si ces dernières supportent l’exécution des solutions VMware, elles sont également livrées avec la solution maison « AVH » basée sur KVM. Je n’ai jamais eu l’occasion de travailler dessus, mais des collègues m’en ont dit le plus grand bien. L’inconvénient principal reste le cout d’acquisition, car si l’hyperviseur est gratuit, les serveurs, eux ne le sont pas.

    Nutanix AVH

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    À noter qu’il est possible d’obtenirl’hyperviseur sans achat de matériel. Mais il semble plus s’agir d’un usage pour de la formation ou pour de petits besoins que pour un réel usage en entreprise.

    Bien entendu, il existe encore bien d’autres alternatives, je n’ai cité que les principales dont j’ai entendu parler.

    D’autres pourraient également parler d’OpenStack…sauf que OpenStack n’est pas un hyperviseur, mais une plateforme complète destinée à construire un cloud d’entreprise. Ce n’est pas un outil, mais une collection d’outils. Il est d’ailleurs possible d’utiliser différents hyperviseurs. C’est donc une alternative à tout l’écosystème VMware, extrêmement puissante et modulaire, mais très complexe, et nécessitant une belle expertise.

    OpenStack

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    C'est pas si simple...

    Je ne vais pas faire une comparaison points forts, points faibles ou orienter vers telle ou telle solution.

    La problématique est bien plus complexe et dépend de nombreux facteurs. Il ne s’agit pas simplement de faire une réinstallation de serveurs. Pour beaucoup, quitter VMware, veut dire revoir ses pratiques et ses méthodes de déploiement, revoir ses compétences internes, trouver de nouvelles solutions de backup, revalider ses plans PCA/PRA…sans parler des progiciels qui ne sont pas tous forcement éligibles à des déploiements sur des solutions différentes.

    Je vois trop souvent des raccourcis, indiquant la disparition totale de VMware. Il faut garder la tête froide et savoir mettre en corrélation l’augmentation tarifaire de l’éditeur et l’état de sa production.

    Il est certain que le rachat de VMware par Broadcom est un choc dans l’IT et qu’il est bon de commencer (ou de continuer) à réfléchir à des alternatives si cela est possible. Oui certaines entreprises, notamment des PME n’auront pas le choix et devront faire un changement violent et peut être douloureux. Pour d’autres c’est le début de nouveaux grands projets…

    La meilleure stratégie, selon moi (et n'engage que moi) est de bien peser les pours et les contres, en tenant compte de tous les changements qu’impliquent une bascule d’un écosystème à un autre.

    D’ailleurs, quitte à réfléchir à changer, pourquoi ne pas évaluer également les migrations cloud, car en dehors des solutions alternatives comme celles présentées ici, les solutions des principaux fournisseurs de cloud public sont également de très bons candidats !

    Le cloud public

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    Mais les modèles d’exécution de certains ne sont pas forcément adaptés au cloud public.

    La question n’est peut-être pas de savoir si une VM peut tourner ici ou ailleurs, mais est-ce que cette VM est vraiment utile, et si elle l’est, a-t-elle vocation à tourner 7J7 et 24h24, a-t-elle vraiment besoin de ses 64 vCPU et ses 64 Go de RAM……Enfin, mon application sur cette VM ne pourrait-elle pas tourner ailleurs que sur une VM…la conteneurisation est-elle possible, et si oui est-ce qu’un cluster KUB (ou autre) sur du baremétal en interne ne serait pas possible, voir une instance K8S managée…sans parler d’une bascule SaaS si des outils sont disponibles…

    Kubernetes As A Service

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    Peut être que finalement un bon nettoyage de printemps dans ses assets et un coup de FinOps interne (ou GreenOps si vous aimez le Green Waching) pourrait certes ne pas couvrir mon surcout de licence, mais à minima me laisser le temps d’étudier sereinement une vraie bascule vers autre chose que VMware en réduisant déjà dans un premier temps mon nombre de licence.

    FinOps

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    Bref, il y’a autant de solutions et d’alternatives qu’il y’a de cas et d’entreprises. VMware n’est pas encore mort même si une autre direction a été prise par son nouveau propriétaire laissant beaucoup de monde sur le carreau…ou poussant certains à faire le grand saut en adoptant tout le panier garni maintenant imposé par l’éditeur.

    En tous cas, bon courage à tous ceux qui sont touchés de près ou de loin par ces changements… ça nous rappelle que dans notre métier, rien n’est jamais sûr ! et c’est aussi ça qu’on aime !