Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
En préambule, cet article n’est en rien un conseil en investissement. C’est uniquement un avis personnel et la présentation d’un projet illustrant l’usage du WEB 3.0.
Le 11 décembre 1997 se tenait la conférence de Kyoto. Pour la première fois, 191 états se sont accordés sur des objectifs communs de réduction des gaz à effet de serre. Cela a donné lieu au protocole du même nom.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Pour cela, il a bien fallu trouver des solutions visant à suivre et à faire respecter les engagements pris lors de la conférence. Si nous sommes globalement tous d’accord pour sauver la planète, on n’est beaucoup moins unis quant à la manière de le faire. Mais il y’a bien une chose qui fait l’unanimité pour être motivés : l’argent.
On n’a donc assisté à la naissance des crédits carbone. Sur le papier, c’est une très bonne idée.
Les signataires du protocole ont engagé leur industrie à réduire leur CO2. Quoi de mieux que de créer un marché encourageant les entreprises à retravailler leur process pour diminuer leur empreinte écologique.
Même avec une fibre écolo, on n’est toujours plus enclin à s’engager dans un projet vert quand il y’a des subventions au bout. Il ne faut pas se leurrer, les crédits carbone reviennent en partie à transformer une reforestation en actif spéculatif.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
À l’obligation pour les grosses sociétés d’évaluer leur production de CO2, c’est ajouté des quotas à respecter. Une fois dépassé, l’entreprise incriminée doit:
C’est dans la mise en pratique qu’il y ‘a eu beaucoup de ratés. Encore aujourd’hui, le marché du crédit carbone est peu compréhensible et très peu accessible. Il y’a eu énormément de scandale et d’abus.
Très vite des projets bidons ont vu le jour, dans lesquelles des entreprises peu scrupuleuses (et pas forcément les plus petites…) ont investi, profitant des crédits carbone récupérés pour les revendre ou se permettre d’augmenter « leur droit à polluer ».
Beaucoup de « greenwashing » est apparu. Des effets d’annonces en masse, mais très peu de concret au finale…et des petites originalités comme une Toyota IQ qui s’est retrouvée maquillée en Aston Martin.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
La France a connu ses déboires avec les fraudes à la TVA sur les quotas carbone, qualifiée « d’arnaque du siècle » qui a fait perdre à l’état français des millions d’euros.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Heureusement au fil des années, le suivi s’est amélioré, des labels et organismes de certification ont permis de faire un peu le tri. Mais ça reste un marché obscur ou se côtoie des bourses et des zones d’échanges spécialisées. Pour le particulier, c’est compliqué d’y investir et les sommes d’accès sont souvent réservées à de gros acquéreurs et aux entreprises.
Pourtant c’est un marché en pleine expansion qui, d’après Bloomberg ou McKinsey, va connaitre une énorme croissance dans les années à venir. Il y’a aussi beaucoup de difficultés pour les projets à se faire financer alors que les entreprises sont de plus en plus intéressées pour trouver des moyens d’acquérir des crédits carbone.
C’est partant de ces observations que Guillaume Leti et Ramzi Laieb ont fondées en 2021 la startup française Carbonable.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Les deux fondateurs ont un passif d’ingénieur et déjà beaucoup d’expérience dans la tech et le marketing.
L’idée est de travailler sur le marché des projets visant à l’élimination de CO2 et donnant droit à des crédits carbone.
Hors, pour soigner la nature, on n’a pas trouvé mieux que la nature elle-même.Les projets visent au rétablissement d’écosystèmes complets, car planter des arbres n’est pas suffisant en soi. Il faut s’engager sur plusieurs années et travailler au développement d’une zone d’espace naturel, sur Terre ou sur Mer.
La repousse d'arbes et de plantes, associée à un retour de la faune et la flore sur de grandes surfaces permettent d'établir des "aspirateurs" de C02 à ciel ouvert.
Même si ça reste aproximatif, il est possible de prévoir l'impact en crédit carbone d'un projet visant à rétablir un écosystème
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Si on résume grossièrement Carbonable, on pourrait parler de CrownFounding « écologique ». C’est dans les faits bien plus que ça.
Carbonable avec l’aide de ses partenaires va identifier des projets écologiques éligibles à des crédits carbone. Ils vont procéder à une sélection rigoureuse, procédant à une analyse complète des objectifs et des demandeurs.
Beaucoup de critères sont pris en compte, en incluant aussi l’impact démographique et l’intérêt des populations à proximité des projets.
Une étude de risque est réalisée, et Carbonable va travailler avec des organismes spécialisés et reconnus comme Verra ou Wildsense, pour obtenir des certifications visant à garantir le sérieux des projets retenus.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Le passif des participants est analysé pour éliminer les candidats peu fiables.
Une fois un projet choisi, celui-ci va être découpé en parcelles représentant la surface traitée.
Ces parcelles vont être associées à des SFT sur la blockchain.
Un "SFT" est un Semi Fongible Token…moins connu que son collègue, le NFT. Il est apparu plus récemment grâce à la norme ERC-3525.
Chaque parcelle est associée à une capacité à produire des crédits carbone dont le cout d’achat est fixé au départ du projet (et donc donné dans les caractéristiques de ce dernier).
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Ces tokens ont une part commune, c’est leur côté fongible, qui va regrouper des attributs pouvant être commun à n’importe quel projet Carbonable. Le reste est lui propre au projet auxquelles il est associé et reste unique à chaque émission.
Ces SFT vont ensuite être vendus, ou chacun peut investir dans le projet via leur aquisition. Les prix d’entrée sont très bas, souvent à partir de 1$.
La vente de tous les tokens va financer le projet.
Au fil du temps , des crédits carbone vont pouvoir être cédés donc récupérables par Carbonable pour être redistribués aux possesseurs des tokens au prorata de leur investissement.
Les propriétaires des SFT peuvent demander à bruler leur droit pour obtenir en échange un certificat justifiant de leur participation à la suppression de CO2, soit vendre ce crédit sur le marché et récupérer une rente.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
C’est bien le deuxième choix qui intéresse les particuliers. Carbonable se propose de gérer ces ventes pour vous et de vous retourner (après commission) vos avoirs en stable coin.
Un calculateur est disponible sur le site, pour vous aider à estimer vos gains fonction de votre investissement.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Attention, ça reste des projections, basées sur des études de grands cabinets, mais rien n'est garanti
Les rentes dépendent forcément du marché du carbone, si celui-ci s’effondre, les crédits carbone générés au quota du nombre de tokens achetés, ne produiront peu ou pas d’intérêt.
Il faut aussi prendre en compte, que le temps nécessaire pour qu’un écosystème puisse à nouveau jouer son rôle d’absorbeur de CO2, n’est pas rapide.
En début de projet, les rentes sont faibles voir nulle, car les crédits carbone sont délivrés fonction de l’avancé du projet. Au départ, les plantes et arbres plantés ne sont pas capables d’éliminer le C02 (ou équivalent). Il faut logiquement attendre quelques années. Ça parait du bon sens dit comme ça, mais ce n’est pourtant pas une règle toujours appliquée.
C’est pour ça que les rentes augmentent avec le temps si tout se passe correctement.
Ce point est très important, car cette délivrance au fil de l’eau de crédits carbone apporte du sérieux au projet et à la démarche.
D’autres systèmes produisent des crédits carbone dès le démarrage projet…alors que celui-ci peut ne jamais se terminer ou donner un résultat bien en dessous des attentes.
De même, si un incendie a lieu que devient le projet ? Carbonable a tenu compte de ces problématiques et s’applique à ce que des fonds de garanti soient réservés au projet pour couvrir un minimum les risques d’incident.
Le fait que des données sont inscrites dans la blockchain pour rendre les transactions transparentes et que le suivi du projet soit librement accessible est un changement majeur dans ce marché habitué à l’opacité.
Contrairement à de nombreux crédits carbone, dont on n’ignore l’origine et dont on ne peut pas juger de la qualité du projet, ceux en lien avec Carbonable, grâce à la technologie blockchain, peut être clairement identifiés et rattachés à son projet émetteur.
On peut parler d'un credit carbone « qualitatif » pouvant justifier d’un prix plus élevé au vu de sa transparence et des garanties associées au projet dont il est issu.
D’un point de vue marketing, c’est aussi très intéressant pour les entreprises qui souhaitent communiquer sur leur politique verte. Grâce à la traçabilité de Carbonable, il est beaucoup plus simple de juger de ses dires.
Carbonable s’est associé également avec des fournisseurs de données, notamment satellitaire pour pouvoir monitorer le déroulé du projet et inscrire également dans la blockchain des preuves d’avancement.
Bien entendu tout cela n’est pas parfait. Il reste des risques, notamment liés à la confiance donnée à Carbonable. On reste dépendant de la startup, des projets qu’elle sélectionne, de sa viabilité dans le temps. Une DAO est prévu pour tenter de décentraliser un peu la gouvernance, mais ce n’est pas encore le cas.
Carbonable est labélisé DeepTech par la banque publique d’investissement (BPI) ce qui est plutôt un gage de confiance et une source de financement.
La startup est également soutenue par Orange, La Poste et Pierre Fabre, ainsi que par d’autres noms. Je vous invite à faire vos propres recherches.
Dès le départ, Carbonable s’est montré agnostique de la solution technique. L’objectif de l’entreprise était de répondre à la problématique de base, pas de faire la meilleure blockchain.
Les fondateurs sont restés très pragmatiques, focalisant sur les services nécessaires sans viser un écosystème spécifique. Ils ont démarré sur Cosmos, puis ont finalement retenu Starknet, une L2 d’Ethereum. Ils sont proche d’un ex-développeur Ethereum (Abdelhamid Bakhta), passé par Cosmos et aujourd’hui très engagé dans Starknet.
C’est d’ailleurs une des dapps parmi les plus citées dans l’écosystème Starknet.
Ce choix s’explique en partie pas leur entourage et par la bonne compatibilité des enjeux derrière Carbonable avec le fonctionnement de Starknet.
Starknet est une L2 d’Ethereum, en proof of stake, et donc électriquement beaucoup plus efficace que le proof of work.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Comme expliqué dans mon article sur le WEB 3.0, une couche L2 permet d’améliorer la scalabilité et diminuer le cout d’une blockchain de plus bas niveau. Plus précisément, et contrairement à Gnosis utilisé par realt, Starknet est une ZK-Rollup.
Une rollup est une solution qui exécute les transactions en dehors de la chaine principale pour un enregistrement par lots dans Ethereum. La chaine primaire stocke les preuves de bon déroulement des transactions de la chaine secondaire. Cette dernière bénéficiant ainsi de la sécurité et de la robustesse de la chaine primaire beaucoup plus décentralisées.
C’est dans l’émission des preuves des transactions à destination de la chaine principale qu’intervient le "ZK" pour « Zero-Knowlege » soit l’usage de preuves à divulgation nulle de connaissance.
C’est l’usage de protocoles cryptographiques permettant de vérifier une information sans en dévoiler le contenu. Basé sur des principes mathématiques exprimés dès 1989 ce n’est qu’assez récemment, notamment à travers les blockchains qu’on n’a pu concrètement les mettre en application.
C’est potentiellement révolutionnaire et amène à beaucoup d’usages possibles…imaginez pouvoir démontrer que vous êtes majeur, mais sans dévoiler votre âge, que vous puissiez avoir la garantit de prétendre à la propriété d’un bien sans rien n’avoir à dévoiler de votre identité…et avec l’explosion de l’IA pouvoir être assuré d’échanger avec une vraie personne sans qu’elle ne soit obligée de dévoiler la moindre information personnelle.
Je n’en dirais pas plus, car j’en suis incapable. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à faire vos propres recherches.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Quoiqu’il en soit, Starknet est réputé pour l’usage de ces preuves à divulgation non nulle, d’autant plus que l’un de ses fondateurs, Eli Ben-Sasson est l’inventeur d’une manière d’en générer via sa solution «STARK» pour "Scalable Transparent ARguments of Knowledge".
Sa méthodologie ayant été publiée en Open Source, les « STARK » sont devenues un standard récupéré par d’autres blockchain.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
L’autre caractéristique de Starknet est de ne pas être compatible avec la machine virtuelle d’Ethereum. Jugée peu efficace et pas adaptée à l’usage de « ZK », Starknet a préféré créer sa propre VM allant jusqu'a concevoir un language de programmation en lieu et place de Solidity: le CAIRO
Cette incompatibilité assumée avec le monde Ethereum rend plus complexe l’onbording de nouvelle application. Les smarts contrats doivent être réécrits en CAIRO mais cela permet également de fournir un réseau plus optimisé et plus efficace pour prendre en compte les contraintes spécifiques des "ZK".
Starknet est une solution éprouvée et reconnue. Elle a pris des directions spécifiques, la rendant particulière sur la multitude de L2 actuellement disponibles.
Si vous voulez en savoir plus sur cette blockchain, n’hésitez pas à lire l'article de CoinAcadmy sur le sujet.
Il ne faut pas être naïf, l’écologie ne réussira que si elle rapporte de l’argent. Ça n’a rien d’idéologique, c’est factuel. Je ne saurais juger si c’est bien ou mal, mais dans un monde capitaliste, qu’on soit d’accord avec ces principes ou non, c’est avant tout l’économie qui dirige.
Alors, pourquoi pas ? Les enjeux sont tellement importants, qu’importe si la motivation retenue est d’abord financière avant d’être écologique.
Tant que la situation s’améliore, il serait dommage de passer à côté d’opportunités d'investissement et au rétablissement d’un écosystème naturel, le tout depuis son ordinateur.
Le crédit carbone est un marché en pleine croissance. Les réglementations ne font que se durcir, et les entreprises devront se confronter de plus en plus à des contraintes d'émission de C02 (ou équivalent).
Mais pour un particulier ce n’est pas simple d’investir de lui-même dans cette économie.
Carbonable est une approche WEB 3.0 qui part d’une problématique concrète et qui y apporte une solution à travers l’usage de la blockchain et de la tokenisation d’actifs réels. C’est une preuve de plus que le WEB 3.0 peut s’illustrer de manière factuelle. La blockchain associée à des mécanismes avancés de cryptographie ne sert pas qu’a la cryptomonnaie. Un NFT (ou SFT) ne se résume pas à une image.
Comme pour realt, c’est un accès beaucoup plus large à un marché qui est rendu possible par la technologie.
D’autres projets blockchain existent sur les crédits carbone, visant souvent à tokénisé directement ces derniers. Si cela facilite leur accès, on n’a pas connaissance de leur provenance et on ne peut pas mesurer réellement leur efficacité.
En tokénisant sous forme de SFT directement des parcelles de terrain, pour ensuite capitaliser sur les crédits carbone générés, cela permet d’investir plus en amont et d’apporter une transparence qui découle sur le prix de revente du crédit carbone associé.
Carbonable reste une startup, jeune et dynamique, mais encore loin d’être implanté pour le long terme. Néanmoins, on note déjà trois projets actifs et un en cours de lancement au moment de la rédaction de cet article. L’équipe semble sérieuse, le bien-fondé du projet démontré…reste à voir comment va évoluer la suite.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Personnellement, je me suis laissé tenter. Je vois ça comme un investissement long terme, certes risqué, mais également très prometteur. N'hésitez pas à creuser le sujet de votre côté et à visiter le site de Carbonable